Quand ça a commencé, je le voyais physiquement exactement comme vous la voyez sur la photo ! À croire que j’étais dans un roman, je la voyais comme la photo de l’histoire ! Je savais que j’avais un (très) gros problème, mais pas à ce point-là ! J’ai su dès le 1er coup de couteau que c’était fini, plié, trop tard, elle allait mourir, ça ne faisait aucun doute. Une lame de 16 cm dans le côté du cou, ça vous tue ! Et les 3 suivants dans l’abdomen et 2 supplémentaires dans le sexe, il y a peu de chance que vous surviviez ! J’ai réglé ça avec moi-même. Je n’ai pas le pouvoir de la ressusciter, donc inutile que je me torture avec sa mort. Quel jeu de mots morbides ! Je l’ai torturé avant sa mort, et je me refuse à me torturer sur sa mort ! Que je l’ai frappé et violé, ça, c’est juste évident, que j’ai détruit son visage avec une pierre, moins. Est-ce que la folie, la pulsion, l’adrénaline décuple les forces ? La pierre était grosse, son visage était petit, la pierre l’a détruit. Je l’ai autopsié. La beauté intérieure. Vidée. Ce sera fait.
Le crime a ceci de particulier que c’est une chute sans fin vers le fond de l’abîme. Plusieurs fois, vous pensez l’avoir atteint, et non ! Pas encore !
J’en ai mangé. Oui, oui, j’ai fait ça. Jusqu’à l’instant où m’a traversé l’esprit, je n’avais aucune attirance anthrophagique, mais ça m’a traversé l’esprit et voilà. Fait. Je l’ai découpé. Tête, membres. C’est étrange le démembrement. C’est vouloir effacer l’unité physique. L’etêtement, c’est comme retirer sa personnalité. Certains gardent des trophées. Des morceaux. Les têtes, par exemple, pour se sustenter sexuellement avec. Je me suis sustenté sexuellement avant sur elle. Vivante. (Très) mauvais endroit, (très) mauvais moment pour elle. Tous les humains vont quelque part, physiquement et mentalement, philosophiquement et spirituellement. C’était notre destination commune. Nos chemins n’ont pas fait que se croiser. Ils se sont nourris l’un et l’autre, et ont fusionnés violement, comme deux centres de galaxies avalant leurs étoiles respectives. Il n’y a qu’une règle : ne jamais s’empêcher de faire ce que l’on veut faire. Un trou noir ne s’empêche pas d’avaler des étoiles, il n’a aucune raison de le faire. Il y a un seuil. Passé ce seuil, il n’y a plus aucune raison de s’empêcher de faire ce que l’on a envie de faire. Prolongé le shoot de sang ! Ça doit être ça. Chercher quoi faire avec, et le faire. La réalité est toujours plus forte que l’imagination. J’imagine, et je fais ce que je viens d’imaginer. Le chemin est désormais le seul, autour, c’est la forêt des Oubliées, et je suis ce chemin. Comme elle… Derrière elle… Avec elle.