La bulle¹ : Imaginal.
La philosophie du crime.

Par Esciença , le 1 mars 2022 , mis à jour le 28 novembre 2023 — Crime, Philosophie - 7 minutes de lecture

Leur bulle

Le lien entre eux créé un monde à lui tout seul. Une bulle. Si vous entrez dans cette bulle, n’oubliez jamais une chose : continuez à avancer. Il y a un effet Doppler mental : au plus vous vous approchez du centre de la bulle, au plus la fréquence augmente, au plus vous vous éloignez, au plus la fréquence diminue. La différence fondamentale entre le réel et l’imaginal est que vous n’avez aucun contrôles sur le réel. Vous n’y êtes pas confronté pour le contrôler, mais pour le décrire avec des mots. Vous ne pouvez pas les sauver, vous ne pouvez pas l’empêcher. Vous ne contrôlez pas ça. C’est arrivé et vous n’y changerez rien. La réalité est une claque. Aussi atroce que soit une fiction, à imaginer, à écrire, à lire, elle n’a rien de comparable avec des faits réels. Il ne peut pas y avoir de transpositions au centre de la bulle. C’est là. C’est réel. C’est arrivé et vous n’y changerez rien. Vous ne les sauverez pas.

Pourquoi il a fait ça ?

Je vais entrer dans la bulle. Je vois ton corps à travers lui. Ce que tu représentes. À l’instant où tu es entré dans sa bulle, tu n’avais plus aucune chance. Tu as instantanément canalisé toutes ces représentations. Je m’approche du centre de la bulle. L’effet Doppler est extrêmement fort. Il y a des sons atroces. Les sons s’éloignent. La scène est extrêmement violente. Il n’y a pas de possibilités qu’elle soit autrement. Il te frappe. Fort. Tu tombes. Tu te blesses. À la tête. Ton corps fait partie de la représentation. Je ne peux rien faire pour te sauver. C’est arrivé et je ne peux rien y changer. Je suis au centre de la bulle. Je dois continuer à avancer. Ce n’est que de la souffrance. Que et exclusivement cela : de la souffrance. La tienne, la sienne, la mienne. Rien n’est juste. Le monde est ainsi.

Pourquoi tu as fait ça ?

Il ne m’a pas permis d’échapper à ce que je suis. Je ne les voyais pas normalement. Elles m’attiraient. Je savais que ce n’était pas normal. Je maîtrisais ça, mais pas lui. Il savait se cacher. Il ne venait que quand j’étais seul. Parfois sournoisement. Ce jour-là, ç’a été d’une puissance insoupçonnée. Quand je l’ai vu, j’ai eu envie d’elle. Une très forte pulsion. Au moment où elle m’a répondue « – oui. » À me suivre, elle n’avait plus aucune chance. Ça a été le déclencheur. Je l’ai frappé. Je faisais ça parce que je pouvais, quand me traversais l’esprit de la frapper, je le faisais, il n’y avait pas de temps de latence. Et pas de raisons. Juste parce que je pouvais. Je l’ai étranglé de dos, avec son pantalon. Ce n’est pas facile d’étrangler quelqu’un. C’est très long. J’ai cru deux fois qu’elle était morte, et non, pas encore. Elle a émis des fluides corporels de toute sorte, à peu près tout ce que peut produire un corps humain comme liquide et solide vers l’extérieur. J’ai entendu et senti un craquement sous mes mains en train de serrer le pantalon autour de son cou. C’est à ce moment-là que le tremblement de sa main a cessé. J’en ai déduit qu’elle était morte à cet instant précis. Je n’ai pas réfléchi : je pouvais, je l’ai fait. Pardon. Je vais m’éloigner du centre de la bulle, je vais continuer à avancer. Qu’est-ce que j’allais en faire ? Je me demandais plus ça que de savoir pourquoi je l’avais trucidé. Je vais la déposer dans les bois. Elle est nue. Et jolie. Morte, mais ça ne me dérange pas. Je la pose au milieu des bois et je reste assis à côté d’elle. Elle est morte, nue et jolie. Pélagiquement attirante. Je n’ai pas de raisons de ne pas céder à mes attirances à cet instant, quelles qu’elles soient, donc j’y cède. À cet instant, il n’y a pas de consciences du temps, des actes, de la normalité, des conséquences. C’est juste être ailleurs. C’est vraiment hors normes humaines couramment admises. Toute sortie de ces normes est définitive. Il y a des boîtes qu’il vaut mieux laisser fermer, car ce qu’elles contiennent, une fois sorties, n’y rentrera plus jamais.

Pourquoi je suis là ?

Pour moi, tu es un lien entre réel et imaginal. Pardon. Tu es morte, c’est arrivé, et dans l’imaginal, je te mets en scène. Pardon. C’est arrivé et on ne peut rien y changer. Je peux imaginer une autre fin, mais ça ne changera rien, c’est arrivé dans le réel. Je continue à avancer. Je m’éloigne du centre de la bulle. La boîte que j’ai ouverte avec toi, ce qui s’en est échappé, n’y rentrera plus jamais. Je suis entré dans votre trio. Toi, lui et la représentation. Je ne peux pas te sauver. Est-ce que je veux ? Je ne sais pas. Non. Je ne veux pas te sauver. Ni toi. Ni lui. Je ne suis pas en train de vous sauver, je suis en train de regarder, te regarder mourir. Et je ne peux rien y changer, et quand bien même, je ne le ferais pas. Je suis là pour décrire les faits, pas pour les empêcher. C’est arrivé, et je ne peux rien y changer. Pardon. Je sors de la bulle.

La terreur

Ce qui me fait le plus peur ce sont leurs terreurs. À eux deux. Elle et lui. La rupture. Il y a un instant commun où les deux savent ce qui va se passer.

« – Quand j’ai fermé la porte, je savais que j’allais la tuer. » David Ramault

« – Je suis au-delà du bien et du mal, vous ne pourrez jamais me comprendre. » Richard Ramirez

« – Vous n’imaginez pas ce que certains êtres humains peuvent infliger à d’autres êtres humains. » Ed Kemper

Je pense que l’écriture est mon exutoire, ça ne représente pas ce que je vis, ni ce que je suis, et encore moins ce que je veux, mais c’est une façon d’évacuer ma part noire, celle que nous avons tous en nous. Cette part n’est pas plus ou moins plus noire que chez n’importe qui d’autre, j’ai juste trouvé un moyen de la conceptualiser, avec des mots. Je pense que pas mal de personnes seraient étonnées, si elles trouvaient un moyen de faire pareil, de ce qui en sortirait. Leurs ça de Freud. Une fois implosé le surmoi, il n’y plus de retenues à laisser s’exprimer le ça. La part noire du ça.

« – Est-ce que ça fait mal ?
– Oui, ça fait mal. »

Ce n’est pas innocent. Plonger Psyché la première là-dedans, ce n’est pas innocent. Ça fait partie de la part noire. Une autre manière de la conceptualiser, la connaître, la maîtriser, la combattre même. Le passage à l’acte est l’absence d’une solution à excréter cette part noire d’une autre manière. Le ça ne trouvant aucune autre manière de traverser le surmoi pour accéder au moi, il implose et agit tel qu’il est, sans transpositions, sans autres manières d’agir que la seule qu’il connaisse : le passage à l’acte.


 

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