Ma critique de
Intelligence artificielle versus intelligence humaine
Laurent Alexandre

Nul retour en arrière n’est plus possible. L’intelligence artificielle est là,
par nous, et désormais avec, et elle va rester.
Avec son ton habituel, direct et tranché, Laurent Alexandre nous présente les futuribles de l’intelligence artificielle, grâce, ou à cause, selon le point de vue où l’on se place, aux NBIC (ndlr : Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognition), mais aussi sur ses développements, parfois enchanteurs, souvent troublants, toujours passionnants… Et désormais inévitables :
« L’IA n’est pas un trou dans la couche d’ozone, problème technique stressant, mais temporaire, que l’on résout en vingt ans et qui disparaît : nous allons cohabiter avec elle à tout jamais. Dans un milliard d’années, elle sera toujours là. » Page 318.
La principale dérive serait… De laisser cette nouvelle forme de vie intelligente justement dériver :
« Finalement, la question posée par Norbert Wiener en 1964 « Jusqu’où peut-on déléguer la décision aux robots ? » Est plus que jamais d’actualité. » Page 292.
La révolution ontologique du sens que nous donnions empiriquement au vivant vole en éclats, et apparaissent des nouveaux métiers impensables au siècle dernier :
« Plus la révolution technologique est profonde – et celle que nous vivons avec les technologies NBIC (ndlr : Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognition) est inédite et vertigineuse – plus il est difficile d’anticiper les innombrables nouveaux métiers. Les idées révolutionnaires ne manquent pas : designer de bébé, neuro-hacker, terra-formateurs de Mars, neuro-éducateurs, psychologues pour IA… » Page 137.
Plus que depuis que le groupe humain est apparu, nous serons ce que nous sommes individuellement grâce à ce que nous seront tous, en particulier dans la médecine :
« Les plateformistes vont pouvoir mettre à profit la loi de Metcalfe, encore elle, pour constituer des groupes de patients sur des pathologies hyper spécialisées, faisant progresser la science médicale dans des domaines où elle est encore en échec. » Page 127 .
À travers l’intelligence artificielle, c’est toute l’intelligence sur notre planète qui va faire un fabuleux bond en avant, et à travers lui, toute l’éducation :
« L’école changera ainsi radicalement de modèle : de machine à sélectionner les meilleurs par le moyen d’un échec de masse, elle deviendra une infaillible machine à faire réussir tout le monde. L’échec ne sera plus une option dans l’école de 2060. » Page 203.
Nous allons devoir réviser tous nos paradigmes et nos connaissances sur le concept d’intelligence, y compris avec toutes autres formes de vies que la nôtre :
« Le paléontologue (NDLR : Pascal Picq) explique : « Si nous continuons à mépriser les intelligences les plus proches dans la nature actuelle, comment imaginer une collaboration avec les nouvelles intelligences artificielles et les objets connectés ? Notre avenir avec les machines intelligentes ne peut se concevoir qu’à cette condition. Sinon, nous serons les esclaves des robots. » Page 291.
Nous devrons nous adapter à cette nouvelle cohabitation, et en prévenir les dérives :
« L’obésité est la conséquence d’une inadaptation de notre cerveau au monde contemporain. » Page 281.
Il y aura les résistances, qu’il faudra entendre et traiter :
« Hélas, face aux géants du numérique qui nous proposent un avenir fantasmagorique, optimiste et enchanteur, la majorité de nos philosophes se sont arrêtés au programme de Normale Sup de 1965 et sont entrés en pleine régression. Ils ont peur de tout : de l’islam, des étrangers, des grandes surfaces, de la mondialisation, du commerce international, des technologies NBIC. » Page 58.
Nous devons finalement prendre conscience que les IA ne « partiront plus », et dès la petite enfance, donnez aux humains les moyens de cohabiter avec elles :
« Il (NDLR : François Taddéi – Chercheur) insiste notamment sur le moment de la petite enfance, déterminant dans le développement des individus : un million de synapses se créent chaque seconde dans le cerveau d’un enfant de trois ans… Un rythme que bien sûr l’individu ne retrouve plus jamais ensuite. La petite enfance est le moment où la plasticité du cerveau est maximale. » Page 74.
C’est donc entre espoir et crainte que Laurent Alexandre nous ouvre les portes (de l’enfer et/ou du paradis) de cette révolution au moins aussi importante que l’invention de l’écriture.
Esciença