Ça fait tellement longtemps que j’ai touché le fond que je ne sais même plus comment c’est en haut. Le bien et le mal sont des concepts qui me sont inconnus. Je ne peux pas déterminer exactement le moment de ma vie où ces concepts se sont effacés de mon idiosyncrasie. Ce que je peux déterminer, c’est l’instant où mon esprit bascule. Je la vois, la regarde, et sur le moment, rien n’est anormal. Il n’y a rien de différent avec n’importe qui d’autre de la façon dont je la conceptualise. Puis du fait des concepts de bien et de mal précités qui me sont inconnus, mon esprit bascule. Je ne la désire plus comme tout à chacun, je la désire autrement, elle devient l’objet de la représentation, de la façon donc je conceptualise la représentation, et plus elle en personne. Je ne veux plus qui elle est, mais seulement ce qu’elle représente pour moi. Et ce qu’elle représente, je veux le posséder et le détruire. Je ne sais pas si mon inconception du bien et du mal sont liés à la représentation que j’en acquiert au moment où mon esprit bascule, mais ce que je pense en comprendre, c’est que tout ces paramètres liés font qu’il se passe ce qui se passe. Il n’y a pas de menaces, c’est facile. Elles sont faibles, physiquement, mentalement. Je ne fais que me servir. Vous détestez probablement cette expression, et je le comprends très bien. Mais pour moi, c’est ça : je me sers. Elles sont là, et je me, et je m’en, sert. Il n’y a pas, ou je n’ai pas, d’explications à mes choix de victimes. Je les cible, les veux, les viole, les tue. Je ne sais pas d’où ça vient, probablement un gloubi-boulga mental mêlent des tas de saloperies de mon passé, mon présent et mon futur. Je les efface, en les découpant, je les efface. Je les désunifie physiquement après les avoir désunifiées mentalement. Je venge mon passé, je remplis mon présent et j’assure mon futur en les désunifiant. Je détruis leur visage, en particulier leur bouche, avec une pierre. La pierre est importante. Ce n’est pas un hasard que ce soit une pierre. Ni la bouche. Il y a quelque chose de la parole, du cri. Ça criait tout le temps quand j’étais petit, tout le monde criait. J’étais petit, je criais aussi, fort, mais on ne m’entendait pas, j’étais trop petit. Alors maintenant, je détruis leur bouche avec une pierre en criant et sans regarder. J’enlève leurs têtes. C’est comme les poupées. J’enlevais leurs têtes aux poupées. Au début, je les enlevais à la main, j’aimais bien, ça me faisait un truc sexuel, puis ensuite avec tout ce que je pouvais qui coupait : couteaux, scies, ciseaux… Je le fais toujours, ce sont mes poupées, comme mes poupées, et je leur enlève leurs têtes. Je joue avec. Sur les poupées, j’enfonçais toujours un truc dans les yeux. Pointus. Je le fais toujours sur mes poupées d’aujourd’hui. C’est pour le regard. C’est le regard que je sens sur moi de l’extérieur. L’extérieur est toujours une menace. Toujours. Hors de moi, point de salut ! J’ai l’impression qu’elles me regardent quand j’ai leurs têtes tranchées devant moi. J’ai l’impression qu’elles me regardent. Je n’ai pas une définition de la mort tout à fait courante. Ce n’est pas « stop » et c’est tout. J’ai une vie après leurs morts. Et avant. Et pendant. J’en suis à 14 victimes. Héloïse a été épargnée. J’ai vacillé. C’est la 1re pierre dans l’engrenage. Nous sommes trois à savoir qui je suis : je sais qui je suis, il sait qui je suis, elle sait qui je suis. L’Abîme a trouvé la faille.
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