Trofèu (Trophée)

Par Esciença , le 26 octobre 2022 , mis à jour le 29 avril 2023 - 4 minutes de lecture

Ils emportent tous quelque chose. Qui une tête, qui un morceau de corps, qui un vêtement….C’est leurs trophées. Leur souvenirs physiques.

Cette histoire est fictionnelle.
Le « Je » est imaginaire et ne renvoie à aucune personne existante.

Il n’emporte rien. Ça m’a étonné, car généralement, ils emportent tous quelques choses. Pour eux, c’est comme un trophée, une récompense, une façon de conserver quelque chose de leurs forfaitures. Ils revivent leurs crimes. Edmund Émile Kemper gardait les têtes de ses victimes et se sustentait sexuellement avec. Mais lui n’emporte rien.

Nous avons fait le décompte plusieurs fois des effets des victimes car le trophée à une importante signification dans leurs fantasmes. Ce qu’ils emportent signifie quelque chose pour eux, ce n’est jamais choisi au hasard. Il ne manquait, semble-t-il, rien, pourtant, je sais qu’il y a quelque chose qu’il emporte et qu’il conserve.

Nous avons découvert des traces de pas tout autour de la victime. Pas seulement des traces de marche, des traces fixes, comme s’il s’arrêtait pour regarder sa victime, et surtout des petites traces rondes : 4 exactement, à plusieurs endroits. Les victimes sont également déplacées à l’endroit même où elle se trouve, comme pour prendre des poses. Il les met en scène. Il essaie de coller au plus près de son fantasme. Ses crimes sont son œuvre, son spectacle. La scène de crime est son théâtre. Il en est l’acteur et le réalisateur, il en a le contrôle total et absolu. Il écrit des scénarios mentaux et les met en œuvre. Il ne différencie pas réellement fantasme et réalité. Elles sont juste des objets du décor sanglant et pervers de son film mental. Il n’a aucune empathie, il est psychopathe. Reste qu’il n’emporte rien, et c’est très inhabituel.

La nuit est magnifique. Je ne supporterais pas de me trouver à cet endroit et à cet instant en plein jour. Ce n’est pas les cris, la souffrance ou le sang qui me gêne : c’est la lumière. Je ne suis bien que dans mon ombre, et parfois même dans mes ténèbres. Ne serait ce le fait qu’elle est très abîmée physiquement, elle semble dormir, d’un sommeil apaisé après tout cela. Quand votre seule issue pour ne plus souffrir est souhaiter mourir, je pense que vous êtes bien content quand vous l’êtes ! Je suis mon scénario et je la place de différentes façons. J’aime la position du fœtus. Avec le ventre vidé, c’est symbolique, très freudien. J’ai vidé ce ventre qui aurait pu contenir une descendance. Je me débarrasse d’elle et de son futur possible. Ces images sont gravées sur mes rétines. Je fais ce que peu font. Beaucoup aiment l’imaginer, et même le regarder, mais peu franchisse le pas et réalise leurs fantasmes de sang. Le fait de montrer est aussi une façon de dégrader sa mémoire. Je veux détruire jusqu’à son souvenir. Que le monde entier la voit souillée, vidée, abîmée, massacrée. C’est sa punition, et c’est également pour que les autres sachent que nulle n’est à l’abri de ma folie. 

J’ai trouvé son trophée : il fait des films et des photos. Et il les diffusent.

 Fin (pas vraiment…)


 

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